La baie d’Andavadoaka est probablement l’une des plus belles de la côte ouest malgache. Ses eaux turquoise, ses fonds marins extrêmement riches et ses plages idylliques attirent chaque année plus de touristes. Elle est située à 150 km au nord de Tuléar à l’extrémité d’une barrière récifale de 300 km qui laisse place à des îlots coralliens un peu plus au nord.
Le village d’Andavadoaka, « la roche percée », compte environ deux mille habitants dont une majorité de Vezo. Peuple semi-nomade, les Vezo tirent l’essentiel de leurs ressources de la mer. Ils utilisent de nombreuses techniques de pèche parmi lesquelles la pèche à l’hameçon, au filet, la pèche à la senne de mer ou encore au harpon.
A l’intérieur des terres, la végétation est étonnante ! Des baobabs aux formes étranges poussent ici au cœur de forêts épineuses riches en euphorbes et didieracées endémiques de l’île. Ils composent un paysage irréel.
Les baobabs de la région appartiennent à l’espèce Adansonia grandidieri. Habituellement de grande taille, ils mesurent ici quelques mètres de hauteur. On les surnomme arbres bouteilles à cause de leur forme ronde et trapue ! Ils portent des branches courtes et atrophiées. La mer est proche. Le sel et le vent semblent modifier leur croissance. Quelques arbres portent des tâches aux couleurs irisées. Champignons ? Dégénérescence de l’écorce ?
Les baobabs d’Andavadoaka fleurissent peu et surtout leur floraison est décalée dans le temps par rapport à celle des autres représentants de leur espèce. Leurs fleurs blanches sont anormalement petites. Pour quelles raisons ? Difficile de le savoir pour l’instant. Un suivi de terrain à différentes périodes de l’année sera nécessaire pour mieux comprendre les raisons de cette floraison particulière.
A Madagascar, les baobabs sont parfaitement adaptés aux forêts sèches. Leur hauteur est intimement liée à celle des forêts. Ils posent leurs couronnes au dessus de la canopée pour accéder à la lumière et faciliter l’accès à leurs fleurs. Les baobabs d’Andavadoaka sont petits car ils poussent dans une formation végétale basse, le bush.
Des échantillons d’écorce et de feuilles ont été prélevés en juin 2013. Leur analyse génétique aidera à savoir si les baobabs très particuliers de la région appartiennent à une variété de l’espèce grandidieri ou s’ils se sont adaptés aux contraintes du milieu littoral sans dérive génétique.
Texte et photographies
Cyrille Cornu
Biogéographe, naturaliste
Chercheur au Cirad