Shigeru Ban est souvent parmi les premiers à arriver sur les lieux lorsqu’un désastre frappe une région du monde afin de concevoir des logements provisoires pour les sinistrés. À 56 ans, l’architecte japonais, récompensé par le prestigieux prix Pritzker, reste modeste.
Spécialiste des structures en carton, en bambou et en matériaux humbles, Shigeru Ban est d’abord connu pour ses constructions d’abris pour les victimes de désastres naturels ou de violences politiques, pour lesquels il ne demande pas d’honoraires.
En 1994, lors de la guerre civile au Rwanda, Shigeru Ban avait proposé des abris en carton ondulé au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Il a été leur consultant jusqu’en 1999. En 1995, il se souvient de la détresse des gens lors du tremblement de terre de Kobe au Japon : « J’étais choqué par la situation des réfugiés et j’ai voulu leur venir en aide. » Il a alors conçu des abris temporaires faits de tubes de carton imperméabilisé, avec une toiture en toile de bâche. La même année, il fonde son organisation non gouvernementale baptisée VAN (Voluntary Architects’ Network). Depuis, « l’architecte du désastre » qui pense que l’architecte a un « rôle social » à jouer répond présent là où la nature frappe : Turquie, Inde, Chine, Haïti, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, et dernièrement les Philippines.
Depuis la création de son agence d’architecture à Tokyo, en 1985, Shigeru Ban a une oeuvre très diversifiée. Maisons d’habitation, immeubles, institutions. En France, il a construit le Centre Pompidou-Metz en forme de chapeau chinois, inauguré en 2010. Il travaille actuellement sur le projet de Cité musicale de l’île Seguin, près de Paris. « Son architecture est directe et honnête. Mais elle n’est jamais ordinaire », souligne encore le jury.
Shigeru Ban travaille toujours de façon respectueuse de l’environnement, mais le concept d’« architecture durable » ne « l’intéresse pas ». « C’est devenu très commercial », dit-il. Le jury du prix Pritzker vante son « respect pour les gens qui habitent ses constructions, que ce soient des victimes de désastres naturels ou des clients privés ». « C’est un architecte infatigable dont le travail respire l’optimisme », conclut le jury.
Via https://www.ledevoir.com/culture/arts-visuels/403646/prixenarchitecture-shigeru-ban-la-force-des-maisons-de-carton