LES BAOBABS DE LA FORÊT D’AMBONGOARO

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Chercheur et spécialiste des baobabs, Cyrille Cornu nous emmène à la découverte des géants de la Grande Île.

Sur la piste qui mène de la ville de Diego Suarez (Antsiranana) au Cap d’Ambre dans l’extrême nord de l’île de Madagascar, les sites où l’on peut observer les baobabs sont nombreux. Parmi ceux-ci, l’escarpement rocheux d’Ambongoaro est intéressant car il est couvert d’une forêt sèche de pente qui abrite plus de 200 baobabs de l’espèce Adansonia suarezensis, une espèce rare et menacée par le changement climatique. Quelques baobabs d’une seconde espèce, Adansonia madagascariensis, vivent également sur les lieux. La forêt d’Ambongoaro est localisée à quelques kilomètres au nord-est du village d’Andolomikaika.

© Cyrille Cornu

Le plateau rocheux culmine à 330 mètres d’altitude. Il est bordé dans sa partie ouest d’escarpements rocheux où poussent les baobabs. Cette configuration géographique rend l’accès au site difficile. Une savane arborée pousse sur le plateau. Elle est habitée par de nombreuses plantes succulentes dont des pachypodiums, des aloès ou encore des euphorbes. Du sommet la vue est splendide. Coté ouest, on peut admirer la forêt de baobabs sur les pentes avec en arrière plan les salines de Diego. Le versant est offre quant à lui une vue imprenable sur la célèbre baie du courrier et l’archipel de Nosy Hara.

L’espèce suarezensis vit dans la région Diana, autour de la ville de Diego Suarez dont est tiré son nom scientifique. Elle se distingue des autres espèces de baobabs par son tronc cylindre surmonté d’une couronne plate. L’espèce peut attendre 25 mètres de hauteur pour quelques mètres de circonférence. Elle fleurit de mai à août. Ses fleurs sont petites, blanches et composées de cinq pétales. Elles s’ouvrent à la tombée de la nuit et sont pollinisées principalement par des papillons de nuit de la famille des sphinx et des chauves-souris. Elles sont visitées dans la matinée par des abeilles et des oiseaux proches des colibris, les souimangas.

Adansonia madagascariensis se rencontre de façon sporadique sur le site d’Ambongoaro. Ce baobab trapu de taille modeste mesure entre 5 et 20 mètres de hauteur pour un diamètre de 1 à 2 mètres. Son tronc est souvent renflé à la base. Son écorce est lisse de couleur gris clair. Sa floraison se déroule en fin de saison des pluies de février à avril. Les fleurs remarquablement belles sont composées de cinq pétales rouge vif. Les fruits sont ronds et de petite taille. Leur diamètre n’excède que rarement 10 centimètres contrairement aux fruits de l’espèce suarezensis dont la taille est nettement plus importante et dépasse bien souvent 20 centimètres.

© Cyrille Cornu

Les habitants du Nord de Madagascar appellent les baobabs «Bozy» ou «Zabe». Quelques baobabs de l’espèce madagascariensis sont sacrés. Ils font l’objet de cultes particuliers. L’un d’entre eux est situé non loin de la forêt d’Ambongoaro, en bord de mer. La coutume veut que l’on dépose une pierre à son pied à chaque visite.

Il faut compter environ une heure en véhicule tout-terrain pour se rendre au village d’Andolomikaika puis deux bonnes heures de marche pour attendre le sommet d’Ambongoaro. Le début de la saison sèche, entre mai et juillet, est la meilleure période pour visiter les lieux. Les températures en générale élevées tout l’année sont plus fraîches et les baobabs de l’espèce suarezensis sont couverts de fleurs.

© Cyrille Cornu

Texte et photographies

Cyrille Cornu

Biogéographe, naturaliste

Chercheur au Cirad

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