LE TRÉSOR DE WILLIAM KIDD

0
888

William Kidd est né à Greenock, sur les côtes d’Ecosse en 1645. Rien ne destinait ce fils d’un ministre presbytérien à devenir le pirate que nous connaissons. Il commence sa carrière comme marin dans la marine royale durant les guerres contre la hollande.

Puis on le retrouve en 1689 comme corsaire contre les français aux Antilles et le long de la côte nord-américaine à bord du « Blessed William »


A New York il épouse une riche veuve, et mène pendant quelques années une vie de riche bourgeois et trouve un protecteur en la personne du duc Bellomont gouverneur de New-York et du Massachussetts.


En 1695 ce dernier convainc Kidd de participer à un projet qu’il a fait approuver par l’amirauté : il s’agit pour Kidd de prendre le commandement d’un navire de guerre révolutionnaire afin de faire la chasse aux flibustiers qui entravent le commerce dans la mer des Antilles. Lord Bellomont met lui-même de sa poche 3000 livres et trouvent pour affréter le navire quelques « hautes personnalités » dont le nom doit rester secret.

On sait aujourd’hui qu’il s’agissait sans doute de : Sidney, comte de Romney et grand maître de l’artillerie, Edward Russel, comte d’oxford, premier lord de l’amirauté, Sir John Somers, garde du sceau, Charles Talbot, duc de Shrewsbury, secrétaire d’Etat.

Il prend possession de l’Adventure Galley lancée à Deptford en décembre 1695. L’Adventure Galley est une galère mixte (à voile et à rame) à tirant d’eau réduit, armé de 34 canons et jaugeant 287 tonneaux.

Il appareille ensuite avec un équipage de 150 hommes et traverse l’atlantique afin de rejoindre les caraïbes. Il dispose d’une patente de course pour lutter contre les pirates. Après avoir quelques temps patrouillé dans les caraïbes il prend le cap de l’océan indien le 27 février 1696.

En 1697 la révolte gronde à bord de l’Adventure Galley : Kidd a refusé à deux reprises d’attaquer des navires et on commence à trouver le temps long. Lors d’une altercation avec son chef canonnier, William Moore, Kidd s’empare d’un seau et fend le crâne de ce dernier.

Dés lors Kidd fait le serment de faire la chasse à tout navire qui croisera sa route. Veux-t-il se racheter aux yeux de son équipage ou considère-t-il qu’il n’a plus rien à perdre étant déjà un meurtrier ? Nul ne le sait.

Il se livre alors à plusieurs arraisonnements. Il attaque notamment un navire du grand Moghol, dirigeant indien allié des anglais, qui hurle alors à la trahison et met dans l’embarras le gouvernement de sa majesté. Sa dernière prise est effectuée en janvier 1698. Il s’agit du « Quedagh Merchant », un navire arménien de 500 tonneaux chargé d’or, de pierres précieuses, d’argent, de soie, de sucre et de fusils.

Il fait ensuite route vers New York, persuadé qu’il ne sera pas inquiété : il n’a en effet jamais attaqué de navire anglais. Après avoir passé quelques semaines en famille, il prépara sa défense et se rendit en juin 1699 sur l’île Gardiner afin d’y en enterrer une grande partie de son trésor.

L’île de Gardiner, situé au nord de Long Island dans l’Etat de New York était nommée par les indiens Monchonac. Cette petite île de 1200 hectares se situe par 72°6’ de longitude ouest et 42°6’ de latitude nord. Elle est la propriété de John Gardiner qui voit ce jour de juin Kidd débarquer sur son île, puis enterrer son trésor dans une zone marécageuse au nord de l’île. Gardiner doit répondre sur sa vie et sur celle de ses enfants de la garde de ce trésor.

Kidd ensuite se rend à Boston, afin de rencontrer son ancien protecteur et financier, Lord Bellomont. Ce dernier, loin de se rendre aux arguments de Kidd le fait arrêter et le transfert en Angleterre afin qu’il y soit jugé. Il fait aussi saisir le navire de Kidd et récupérer le trésor de l’île Gardiner. Le reçu officiel délivré le 7 juillet 1699 donne le détail suivant :- 3 sacs de poudre d’or- 1 sac de pièces d’or- 1 sac de pièces d’argent- 1 sac de bagues en argent et pierres précieuses- 1 sac de gemmes brutes- 1 sac de cristaux purs avec deux améthystes et deux agates- 1 sac de boutons et de lampes en argent- 2 barres d’or- 1 sac contenant 67 pierres précieuses diverses. Le tout pour 60 kilos et 15 000 livres sterling de l’époque.

Le procès de Kidd commence à Londres le 8 mai 1701. Pour sa défense Kidd rapporte que tous les navires qu’il a pris, disposaient de saufs conduits français, ce qui en faisait des ennemis de la couronne et qui rendait ses attaques légales. Hélas Kidd ne peut fournir au tribunal ces saufs conduits «égarés» lors de son transfert vers Londres. On ne retrouvera que récemment des pièces dans les dossiers poussiéreux de l’amirauté.

Son exécution prononcée, Kidd joue son dernier va-tout : il écrit au parlement et propose, contre sa grâce, de conduire des personnes désignées par lui « à un endroit des Indes » où il avait caché « des marchandises et un trésor d’une valeur de 100 000 livres ».

C’est peine perdue : le 23 mai 1701, à marée basse, Kidd préalablement abreuvé de force de Rhum et de cognac est sorti de sa prison de Newgate. On le hisse sur l’échafaud de Wapping, au bord de la Tamise. Kidd tente bien de protester une dernière fois de son innocence, mais le nœud coulant coupe court à ses allégations. Mais son calvaire n’est pas terminé : on le pend, mais la corde ne tient pas : il retombe lourdement dans la vase de la Tamise. Qu’à cela ne tienne : On s’empare de lui et on le pend une seconde fois. Cette fois ci la corde tient bon.

Après que son corps eu été recouvert à trois reprises par la marée, il fût considéré comme décédé. Son corps fût dépendu, cerclé de fers et de chaînes, enduit de goudron et exposé pendant de longues années à Tilbury, à un endroit où tous les marins entrant ou sortant du port de Londres pouvaient le voir et recevoir ce terrible avertissement.

Certains prétendent même qu’il est, en fait, enterré à Madagascar et l’on peut découvrir sa tombe dans le cimetière des pirates sur l’île de Sainte Marie.

Qu’en est-il du fabuleux trésor caché de Kidd qui a inspiré A.E. Poe pour son « scarabée d’or » et Robert Louis Stevenson dans « l’île au trésor » ? Simple tentative désespérée d’un homme désespéré pour échapper à la corde en vendant du vent ? Ou fabuleux trésor qui attend encore sous terre aux Comores, Madagascar, Maurice où à la Réunion que l’on veuille le trouver ? La légende continue de motiver les chasseurs de trésors dans le monde entier. A chacun de trouver une réponse selon son cœur et ses espoirs.

L’histoire de William Kidd a également inspiré de nombreux cinéastes qui ont plus ou moins romancé son histoire.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here