700 REQUINS DANS LA NUIT

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SUR ARTE À 21H50 – SAMEDI 12 SEPTEMBRE

  • Documentaire Nature de Luc Marescot
  • Durée : 1h35mn
  • Pays de production : France
Laurent Ballesta

Parti observer un rassemblement de mérous en 2014 dans l’atoll polynésien de Fakarava, Laurent Ballesta y avait découvert un groupe de plus de 700 requins gris. Comment expliquer cette densité inédite ? Durant trois années de préparation, avec les autres plongeurs de l’équipe scientifique internationale qu’il pilote, il a apprivoisé sa peur en abandonnant les réflexes défensifs qui provoquent l’agressivité des requins, dans le but de se glisser au coeur du groupe pour l’étudier et la filmer de l’intérieur. Squales appareillés de puces électroniques, antennes réceptrices, hydrophones, arche de 32 caméras synchronisées : tout un arsenal technologique a été mobilisé pour le projet.

© ARTE / LAURENT BALLESTA

Chaque nuit, ils plongent pour observer et comprendre «les différentes phases de la prédation» des requins gris, filmés dans «700 requins dans la nuit» par Luc Marescot, revenu avec 360 heures d’images.

Le courant modéré de la passe «engendre un flux nourricier permanent», dit-il, pour expliquer leur présence en nombre. C’est «un tapis roulant de nourriture» que les requins convoitent chaque nuit.

«Jusqu’à preuve du contraire, une telle concentration de requins est unique au monde», affirme Laurent Ballesta.

Ils affluent en même temps que 18.000 mérous, poissons solitaires d’ordinaire et qui se regroupent pour la ponte annuel à la pleine lune de juin. Les scientifiques ont dénombré 705 requins précisément, alignés le long de la passe sud de l’atoll prêts pour leur grand festin.

De jour, ils forment des «murs dans la veine du courant principal», explique le scientifique. «Méfiants, inapprochables, ils sont eux-mêmes les proies des grands requins marteaux», précise-t-il, «la nuit, ils sont désinhibés par la chasse». Au fil des nuits, les scientifiques plongent au milieu de l’impressionnante meute et capturent, un à un au lasso, des requins qu’ils remontent à la surface de l’eau pour les «marquer» d’une puce électronique avant de les relâcher.

«Les comportements solidaires de défense n’existent pas au sein de la horde», fait remarquer l’expert. Quelque 25 récepteurs ont été installés sur la passe afin d’étudier leurs déplacements pendant toute une année. «On devrait tout savoir de leurs faits et gestes», s’enthousiasme Laurent Ballesta. La puce est en outre dotée d’un outil d’analyse de leurs dépenses énergétiques. Les requins gris mangent des poissons de trois quatre kilos maximum, ils s’attaquent rarement à de plus grosses proies.

Occasion saisie aussi de placer sur l’aileron d’un mâle une caméra conçue pour se détacher toute seule quelques jours plus tard. L’équipe la récupérera à la surface de l’eau grâce à son dispositif de flotteur. Une arche, alliant appareils photo et vidéo, imaginée par Laurent Ballesta également photographe naturaliste, dont la conception a requis neuf mois de travail, permet de figer les scènes de chasse au centième de seconde, et complète leur dispositif. Grâce aux 32 caméras synchronisées, ils vont visualiser avec plus de précision le placement des requins lors d’une attaque. L’objectif est de savoir comment ils circulent, s’il existe des leaders et des suiveurs, pour observer s’il s’agit d’une meute organisée, ce qui la régit.

Elles révèlent aussi que le requin «solitaire reste maladroit» et que «son salut repose dans la horde» qui réussit 25 % de ses attaques. Une meute de loup en comparaison n’atteint que 14 % de ses cibles. L’expédition a permis de «montrer que entre la horde sauvage et la meute organisée, on est plutôt quelque part entre les deux», souligne Laurent Ballesta.

© ARTE / LAURENT BALLESTA

Ils ont découvert que les requins obéissent à des règles, «même si tout cela est instinctif», dit-il, connaissent des pics d’activité qui se répètent pendant la nuit et sont sensibles au cycle lunaire. On a observé qu’il y a des duos qui se créent au fil d’une nuit ou d’une journée pour chasser ensemble.

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