A Madagascar, les baobabs peuvent être observés dans de nombreux sites. L’allée des baobabs est le plus célèbre d’entre eux. Localisé à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville de Morondava le long de la piste qui mène aux Tsingy de Bemahara, cet alignement spectaculaire de baobabs de l’espèce grandidieri est connu dans le monde entier. Il s’agit de l’un des sites touristiques les plus visités de la Grande Île. Il est géré par l’ONG Fanamby depuis 2007.
L’allée est avant tout exceptionnelle pour ses paysages. Elle n’abrite qu’assez peu de baobabs : environ trois cent sur un territoire de 320 hectares. Elle attire chaque année plusieurs dizaines de milliers de touristes dont certains se déplacent spécialement pour la visiter.
Une grande majorité des baobabs appartient à l’espèce grandidieri. Composante emblématique de la flore malgache, cette espèce figure parmi les plus remarquables. Ses représentants s’élèvent jusqu’à 25 mètres de hauteur et dépassent 20 mètres de circonférence dans la région de Morombe. Ils se reconnaissent à leur morphologie particulière, un long fut cylindrique surmonté d’une couronne aplatie. L’espèce préfère les sols sableux, la proximité des mares et des rivières. Elle vit dans les forêts sèches caducifoliées de basse altitude. Dans les villages sakalava, on l’appelle « reniala » qui signifie « mère de la forêt ».
Quelques baobabs de l’aire protégée appartiennent à une seconde espèce, Adansonia rubrostipa. Cette espèce de taille humble ne dépasse que rarement 15 mètres de hauteur pour un à deux mètres de diamètre. Adansonia rubrostipa est caractérisé par un resserrement du tronc à la base de la couronne et par une écorce cuivrée qui s’exfolie comme celle des platanes. C’est le seul baobab à posséder des feuilles dentelées.
Au nord de l’allée, le baobab amoureux appartient à cette espèce. Autre célébrité de la région, cet arbre atypique est composé de deux troncs entrelacés depuis la base. Il porterait chance aux couples qui se promènent à son pied.
Malgré son apparente immuabilité, l’allée des baobabs pourrait se dégrader dans les années à venir. Les géants sont menacés car ils vivent hors forêt dans un environnement fortement perturbé par l’homme. Il y a quelques années, l’utilisation de l’eau de périmètres irrigués sucriers proches pour cultiver du riz semblerait avoir eu des conséquences dramatiques. L’inondation des racines des géants en saison sèche pourrait avoir fragilisé nombre d’entre eux et être à l’origine du fort taux de mortalité observé ces dernières années.
Destination d’exception pour le tourisme malgache, le site possède depuis avril 2015 le statut d’aire protégée et jouira à ce titre de protections particulières. Espérons que les baobabs pourront survivre et que l’allée émerveillera ses visiteurs pendant encore de nombreuses années.
Texte et photographies
Cyrille Cornu
Biogéographe, naturaliste
Chercheur au Cirad